Manuel Orazi (1860-1934), Paire de paysages d’Istambul, XXe

Très belle paire d’huile sur toile représentant Yeni cami (mosquée neuve) sous deux angles différents, située dans le quartier d’Eminonu, elle est accolée au bazar Égyptien connu aussi sous le nom de bazar aux épices. La construction fut commencée en 1597 sous la direction d’un élève de Sinan et à la demande de la sultane Safiyé, puis abandonnée. La construction fut reprise par l’architecte impérial Mustafa Aga en 1661, à la demande de la Validé sultane Hatice Turhan (mère du sultan Mehmet IV), et finalement achevé en 1663.

Emmanuel Joseph Raphaël Orazi, dît Manuel Orazi, est né à Rome le 5 Octobre 1860 et est décédé le 28 octobre 1934 à Paris. Peintre, illustrateur, affichiste et décorateur, la vie de cet artiste reste assez mystérieuse mais on reconnait sa grande activité. Il est généralementa ssocié au style Art Nouveau.

Après avoir illustré des partitions musicales pour l’Officine Grafiche Ricordi (1883-1884), il créera de nombreuses affiches remarquables dès 1884 en France, ainsi que des illustrations pour des ouvrages, des decors pour l’opéra et le cinématographe L’Alantide, et même des bijoux pour la Maison de l’Art Nouveau, un lieu d’exposition-vente ouvert en 1884 par Siegfried Bing dans un ancien hôtel du XVIIIe siècle, situé au 19 Rue Chauchat dans le 9ème arrondissement Parisien.

Il créera des affiches pour les marques JOB, la source Contrexéville, les Chemins de fer de l’Ouest, la Maison Moderne, la Ligue vinicole de france, les éditions Pierre Lafitte; pour des lieux de spectacle et des artistes comme l’Hippodrome du boulevard Clichy, l’Olympia, le Palais de la Danse, le Théatre de Loïe Fuller, le Théatre de la Porte-Saint-Martin, Sarah Bernhardt, Teddy-Ted & Partner…. D’ailleurs, son affiche pour le drame de Victorien Sardou, Théodora, remporta un franc succès et sera reproduite dans la revue Les Maîtres de l’affiche (1895-1900).

À la fin de l’année 1895, il réalisera avec Austin de Croze le curieux et fameux Calendrier magique aux Éditions de l’Art Nouveau dirigées par Siegfried Bing, un ouvrage tiré à 777 exemplaires  comprenant de nombreuses planches graphiques au sujet ésotérique. En tant qu’artiste du livre, il collaborera avec le Figaro iIlustré pour la Belle sans nom de Jean rameau en 1900, et également à la Revue Illustrée pour les contes de Jean Lorrain (1898-1900) qui, l’appréciant fortement, l’introduira auprès de Jérôme Doucet (1865-1957), écrivain, collectionneur, bibliophile et journaliste Français qui fut auteur de nombreuses comédies, poésies, contes, également de livres pour la jeunesse et d’ouvrages d’art. Manuel Orazi poursuivra son travail d’illustrateur pour d’autres maisons d’éditions telles que Dido Frères, Paul Ollendorff, P.Lafitte & Compagnie, Fayard, et E. Sansot & Cie et pour bien grand nombre d’écrivain mondialement reconnu tels qu’Oscar Wilde, Charles Beaudelaire, Pierre Loti…

Durant la première guerre mondiale, Manuel Orazi quitte Paris et se réfugie à Montgivray. Il travaille alors sur un projet d’édition et d’adaptation théâtrale des Amours des Anges (The loves of the Angels) du poête Irlandais Thomas Moore (1779-1852). En 1915, il publiera un script intitulé Attila, scénario cinematographique en 22 tableaux.

En 1921, il éxécutera un ensemble de cinq affiches pour el film l’Atlantide de Jacques Feyder (1885-1948). Le réalisateur lui confiera également la réalisation des décors et des costumes. Intégralement tourné en Algerie, Manuel Orazi aura la responsabilité de la supervision des travaux. Il est fort probable que les deux tableaux que nous proposons datent de cette période, Manuel Orazi ayant vécu dans la région tout le long du tournage.

De nombreuses affiches sont conservéess dans différents musées, au musée d’art du comté de Los Angeles, au Museum of Art de New York, au département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France et au musée Carnavalet à Paris.